just for you

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 Toujours est une forêt immense qui abritent rivières et clairières. Seules les humaines ayant conscience de leur vivant accèdent à cet endroit magique. Pour toutes les autres qui s’ignorent, c’est la mort.Le 30 juin est une date anniversaire, est une célébration infinie de la vie et du présent. Humaines et non-humaines se retrouvent à l’orée des bois pour entamer les festivités et mettre en place les ateliers d’expressions corporelles. On apporte victuailles, vins, sang, tissus. Chacune arrive apprêtée et peaux brillantes, chacune bave sur l’épaule de l’autre.

I. NOTRE EXISTENCE EST LIÉE À CELLE DES AUTRES


Bélissende et Myriam longent la rivière en direction du chant des merles noirs.

Bélissende
je pense que mon mental me rendra folle, mes pensées s’ouvrent dans mon crâne aussi rapidement qu’on clique sur un lien puis vingt pour finir avec 50 onglets ouverts


Myriam
tu n’es pas seule parce que nous sommes ensemble - l’anxiété ronge mais ne tue pas - il te suffit de te connecter au présent et d’apprécier l’autre à la hauteur de son goût


Bélissende
je suis fatiguée de sucer des corps innocentes, chaque cou a le goûts de chaque cuisses, chaque possibles s’évaporent dans les nébuleuses de chacune


Myriam
cela fait des siècles que tu es en boucles Bélissende !! tu es trop exigeante, tu ne te reposes jamais, c’est fatiguant - laisse-toi aller!


Bélissende
c’est facile pour toi, tu assembles les vêtements n’importe comment et ça marche - tu es stylée et spontanée - moi, je suis sensible et dramatique!


Myriam
ma chérie, tu te trompes - l’issue est dedans, il te suffit d’enrayer les mécanismes que tu as toi même mis en place pour te sauver! C’est comme la clope, tu vas finir par arrêter - laisse-moi te montrer l’or vibrante de ton âme

Myriam prend la main de Bélissende et la coince dans son entre jambe bouillante - elle commence à s’agiter délicatement, très précise.
Belissande ferme les yeux et se concentre sur les sensations du sexe qui mouille et s’ouvre sur ses doigts. Connectée aux fluides qui ne sont pas les siens et qui s’écoule le long de sa peau, Bélissende se recentre immédiatement en percevant le centre de Myriam.

Autour d’elles, les autres s’organisent, se touchent et ries fort. Bertille, assise sur l’arbre en face se penche vers Agnès pour ramasser ses cheveux dans sa main et couvrir son front d’un baiser rouge sang. Le pourpre s’allonge dans la rivière et tombe dans les fossés, les végétaux ensanglantés, le stupre dans les doigts de Sophie.


II. L’ÉXPÉRIENCE DE L’AMOUR


Le soleil s’intensifie tandis que la nuque trempée de Myriam ploie contre un coussin de mousse. Puis, ses cheveux sont tirés par la main d’une nouvelle, elle s’appelle Sale des fêtes - elle parait timide autant que trop sûre d’elle - toutes n’en reviennent pas de tant d’allure.
Bertille à Agnès : «on dit qu’elle est l’Initiatrice et que sa langue par ton sexe enseigne la philosophie »

Après avoir rouler une pelle baveuse à Clothilde, Sale monte en haut du rocher de la rivière, elle est nue avec seulement des baskets, toutes arrêtent le workshop commencé. Sale parle très fort et distinctement en articulant bien:

« Savez vous ce qu’est le lubrifiant discursif? Nous œuvrons pour la cohésion sociale, nous œuvrons pour l’harmonie entre les êtres, nous sommes les princes sacrifiées. Maintenant est le lieu de la résistance.»

Folles de l’approche révolutionnaire et de la portée de son propos qui inclus le groupe, toutes ont plus encore le feu et commence à danser très sensuellement. Elles sucent les torses, lapent les mamelons, caresse les peaux, marquent des temps d’arrêt avant d’enfoncer leurs doigts qui provoquent les cris.

Pendant que toutes s’excitent mêlées à la boue du bord de rivières, Sale entraine Bélissende dans sa grotte pour lui adresser de l’amour et du sexe immédiat. Surtout, elle lui rappelle qu’elles se sont rencontrées dix siècles auparavant dans un château - Sale des fêtes s’appelait alors Désidérade et Bélissende s’appelaient déjà Bélissende.

Sale se lève dans le contre jour de l’entrée de la grotte et entonne un chant
Ta bouche sale, tu es divine grave déposée chaude
Le contour de tes yeux brillent sur ton corps enclenché vivante
Acide sous le pubis mal rasé, tes bras fins portent le mien à ta boucle salivée fine rose, absorbent tes yeux d’eau, soupirent tes pupilles affolées
En sueurs foucades suaves enmielées du linge pas propre, savantes

Bélissende revient au moment présent et dans le trouble de ses larmes nostalgiques ne voit pas arriver Sale à califourchon sur ses genoux suintante de mouille et de l’herbe plein les cheveux.

C’est Désidérade qui parle et sans fin en pleure répète:
Je me souviens tu me sers du mescal dans des coquilles de coco vides
On s embrasse debout puis frénétiquement contre le sol
Je me souviens,
Ton sexe épaisse ma bouche
Tes lèvres entre les miennes
Émue de chair promise
Ma langue fouille et cherche l’amer
Descends et remonte
Te branle doucement
Mon poing appuyé entre ta chatte et ton anus
Mange ta bouche près de ton cul
Mon nez dedans, ta bave dehors
Toute la soirée, elles se regardent dans les yeux et se rappellent que ce qu’elles aiment c’est baiser en plein jour, jouir des ouvertures de chacune, le soleil dans les yeux, les larmes contre la peau.


III. ON NE SOUFFRE PAS À CAUSE DU PASSÉ MAIS DE LA PROJECTION QUE L’ON EN FAIT


Atelier d’écriture pour gouines immortelles.
Tant de ressacs d’écueil et de paroles interdites, comment démonter la tragédie indissociable de la vie?

Texte de Bertille :

J’arrive pas à dormir, j’ai envie de te prendre dans ma bouche tandis que la nuit tombe sur ma dent creuse vide morte. On se dispute sur le sel et la peur, notre arrogance d’avant-garde - baise subalterne et baisers déposés secs précis sur le front râpé creux défait.
On s’est touchée les mains dans la file d’attente du club, nos organes pressés contre les anoraks. Je n’ai jamais eu accès à ton odeur mais j’ai effleuré ta taille fine et ferme, t’ai cherché du regard toute la soirée et toi aussi.
J’aimerai partir loin entourée de gouines et que Sale suce ma chatte et que le président crève. J’aimerai te baiser plus fort encore, tu seras accroupie devant moi et mon poing jugera de ton fond. Tu t’ouvres déjà et le ciel n est pas encore gris - bouffe-moi le cul. J’aimerais arrêter de continuer à être ce que je ne suis plus.
le bonheur = l’absence de désir


IV. ON A PEUR D’AIMER QUAND ON A PEUR DE MOURIR


Emprise aux démones irrationnelles, Sale vacille pour un rien - l’amour de Bélissende réel comme ces visages sous mes yeux. Tout ce que je veux c’est le chanter se dit-elle - tout ce que je veux c’est le mettre en poème avec elle. Rien d’autre n’existe, même pas le sang frais des mortelles. Sale des fêtes et Bélissende disent ensemble l’amour des maitresses Immortelles.


Si Eckart Tolle existe, le présent est un leur
Si j’étais une simple vivante je serais toi
J’habiterais à la lisière de tes cheveux pour renifler ton crâne
Tu porterais un jogging pour que je te touche mieux

J’ai passé mes doigts comme si c était les miens
Ton bassin s’est soulevé et j’ai continué
Ton bassin à la hauteur de mon poignet
Toi qui insistes seule contre ma paume

Si tes yeux mouillent les miens
Alors je lècherais ton ventre et mangerai ton slip
Je soulèverais les bords avec ma langue comme une chienne affamée
J’aimerai les interstice de ta bouche contre cet arbre

Mon doigt sur le tissus mouillé
Mon nez dans le chaud de ta mouille
Mon sexe lappe ton jus d’éternelle
Mes lèvres nacrées happent
Deux doigts à la lisière de ton cul mouillé
Suce bruyamment

J’ai déliré chaque fois qu’immobile le soleil nous aveuglait Le sang coule sur nos lueurs d’éther nèbre

Emmêlées, les genoux sales et les yeux noirs, elle caressent leurs nuques en fermant les yeux. La mue commence doucement jusqu’au petit matin, Toujours bercées par les voix de Bélissende et Sale, les corps disparaissent en exuvies diaprées.

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